Chère Lettre,

 

Le mois de février s’est éteint doucement et envoie sa belle Saint-Valentin dans les roses, les choux ou encore les pommes, poires et prunes du verger qui vient d’être planté entre l’Airial et l’Artigua. Quelle belle initiative toute à l’honneur d’Alexis et des bras volontaires qui ont œuvré à sa réalisation.

Avec mars, les températures changent. Dommage qu’elles augmentent un peu trop vite ces dernières décennies... Même si j’ai bien remarqué quelques changements chez les gens, il faut bien dire que question action, il manque encore quelques bon coup de poings dignes des meilleures infographies saisissantes des programmes H2020 pour faire bouger les choses. Heureusement, j’ai une collègue qui va organiser une session sur ce thème pour l’Assemblée Générale de l’Unité ! Stéphanie va animer un atelier sur le dérèglement climatique le lundi 14 mars. Tout un programme ma bien chère Lettre ! Tout un programme te dis-je ! Quelques conférences d’intervenants et d’intervenantes passionnantes* et un atelier collectif et collaboratif pour nous faire réfléchir sur nos activités de recherches en lien avec le climat.

D’ailleurs, en parlant d’action, je vais essayer de bouger mon coloc champion de la procrastination. « J’ai pas l’temps pour ré-écrire mon manuscrit avant la deadline de ma revue chérie alors compte pas sur moi pour faire la vaisselle ». Un élégante façon de justifier l’inaction collective… M’en veut pas ma chère Lettre, je l’aime bien mon coloc tu sais. Je crois que je vais l’inviter à la sortie de mon UMR au parc Ornithologique du Teich du 15 mars. Ça lui fera du bien de prendre l’air avec une bande de passionnés** !

J’ai encore une bonne nouvelle à t’écrire ! On va accueillir un nouveau ou une nouvelle collègue Maître de Conférence en septembre ! Ça à l’air important parce que ça va être publié dans la Galaxie sous peu*** ! Décidément, la tête dans les étoiles les collègues universitaires… Tu imagines bien à quel point tous et toutes sont sur le pont, vent debout pour défendre l’écologie végétale et animale, soufflant sur le brasier de la connaissance en se chauffant le cœur au feu brûlant des papiers dans les revues indexées. Vivement le concours en mai !

 

Malgré ça, tu sais, je suis inquiet et soucieux depuis quelques jours. Ma santé va bien mais mon cœur saigne quand il regarde à l’Est. Du coup la Direction affiche les couleurs de son soutien et j’ai découvert qu’on pouvait aussi l’afficher individuellement avec une pétition qui concerne notre communauté (cliquer ici).

 

A bientôt ma chère Lettre, porte toi bien en attendant la confirmation du printemps qui pointe ses bourgeons. Et puis comme on dit : En mars, ne te découvre pas d’un fil ! Tant pis pour la rime, faut vivre avec son temps et le décalage des saisons annoncées… « Le futur c’est maintenant », comme le dit Alexandre Magnan après la publication du dernier rapport du GIEC ce 28 février.

Virgil.
 

* : voir programme plus bas

** : sortie UMR du mardi 15 mars organisée par Rémy, Frédéric R et Alexis. Voir programme plus bas.

*** : site internet dédié à la recherche d’emploi dans le système universitaire. Le profil du poste est là.

 

 

 

>Inscrivez vous https://framadate.org/7umPMDbIx2gq7Ebu à la fresque du climat (animée par Stéphanie début mars) Il s'agit d'un jeu de cartes dont le but est de retracer les liens de causes à effets du changement climatique.

>Progamme de l'AG

14 Mars Airial
Matin 9h-12h (présentiel & visio)
Vie d’unité / Prévention / Qualité
Nouvelles infrastructures de recherche
Gestion Informatisée des Dispositifs Expérimentaux INRAE
 
Après-midi 14h-17h (présentiel & visio)
Dérèglement climatique: de la connaissance à la réflexion collective sur nos activités de recherche (animation scientifique préparée par Stéphanie qui nous détaille son contenu dans la rubrique animation scientifique).

Au cours des dernières années, la société s’est mobilisée, à l’échelle internationale, pour faire respecter les accords de Paris de la conférence des parties sur le changement climatique (COP21 de 2015). Ces accords engagent les signataires à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à maintenir le réchauffement à un niveau bien inférieur à 2, de préférence à 1,5 degré Celsius, par rapport au niveau préindustriel. A Biogeco, les recherches que nous menons concernent notamment l’évolution de la distribution géographique des espèces en réponse au dérèglement climatique (risque d’extirpation des espèces, leur possible adaptation, ou migration, invasion biologique, etc) ou elles peuvent aussi s’intéresser au rôle joué par les écosystèmes comme puits de carbone, ou bien encore elles visent à leur conservation ou restauration.
Cette après-midi d’assemblée générale a pour ambition de faire un pas de côté et d’adopter trois angles d’analyse de nos activités de recherche : (i) tout d’abord en les considérant comme sources de dérèglement climatique par elles-mêmes, comme n’importe quelle autre activité anthropique, (ii) ensuite en se posant la question des savoirs à mobiliser, au-delà des sciences climatiques et biologiques, pour assurer une transition écologique qui puisse être juste et solidaire, (iii) enfin, en posant la question de la nécessité d’une démocratisation de toute l’activité scientifique, étant donné l’urgence climatique et plus largement écologique dans laquelle nous nous trouvons.
 
La première proposition est de partager la connaissance sur l’évolution du climat actuel. Pour aborder la complexité des causes et conséquences du dérèglement climatique, la fresque du climat est un outil de choix pour aborder le sujet avant l’AG (comptez environ 2H pour une version rapide de la fresque). Ensuite, Didier Swingedouw, chercheur à l’UMR EPOC qui s’intéresse notamment au futur possible de la circulation océanique de l’Atlantique Nord, nous présentera les figures marquantes du dernier rapport AR6 du GIEC publié en 2021.
 
Le débouché du partage de la connaissance sur le dérèglement climatique et la prise de conscience qui s’ensuit peut conduire à l’estimation de son empreinte carbone individuelle. Ce n’est pas l’enjeu de l’AG, qui vise à aborder directement les réponses collectives. La seconde proposition est donc de s’intéresser au collectif des Labos 1point5, qui mène notamment une étude scientifique nationale relative à l’empreinte carbone de la recherche publique française. Tamara Ben Ari (chercheuse en agronomie globale à l’INRAE, rattachée à l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris (IEES) nous présentera ce collectif et les outils développés (Tamara sera là en visioconférence, présentiel si son agenda se simplifie). A Biogeco, un groupe de travail s’est mis en place pour traiter en particulier de l’estimation de l’impact climatique du fonctionnement de nos recherches. Philippe Chaumeil illustrera une application de la démarche et expliquera les actions entreprises, celles qui paraissent réalisables, et les limites rencontrées. Marie-Lise Benot apportera son avis de naturaliste sur les aménagements du campus de l’université de Bordeaux.
 
Les calculs de cette empreinte carbone à différentes échelles peuvent donner l’impression que la question de la «décarbonation» des activités humaines pourrait être simplement d’ordre (bio)technique. Les scénarios du GIEC d’évolution de température moyenne à la surface du globe sont en fait directement dépendants de choix socio-économiques. Il a été en effet été montré que la croissance économique, traditionnellement mesurée par le Produit Intérieur Brut, est directement reliée à l’émission de gaz à effet de serre – et plus largement à la consommation de ressources biologiques et physiques – et que cette croissance a notamment pour traduction la production de biens et services de notre société de consommation. Le découplage de la croissance de l’émission de GES est très débattu. De plus, toute une partie du monde n’a pas de responsabilité historique dans l’émission de GES et cela pose directement la question de la justice climatique. Traiter la question des bouleversements climatiques et écologiques dépasse donc largement les sciences climatiques et biologiques. La troisième proposition de cette assemblée générale est de s’intéresser à la démarche de collectifs qui se sont constitués afin de «tisser des liens entre des connaissances dispersées et de réfléchir à la façon de les partager avec l’ensemble de la société, afin d’œuvrer avec elle aux moyens de réorienter notre trajectoire en changeant en profondeur les modes de fonctionnement socio-économiques actuels» (voir les Manifestes de l’Atécopol - Atelier d’Ecologie Politique de Toulouse - et de l’Ecopolien - Atelier d’écologie politique francilien - sur leurs sites internet). Laure Teulières, historienne contemporanéiste (université Toulouse - Jean-Jaurès), étudie les migrations et notamment l’histoire des Italiens en France. Elle sera là pour nous présenter l’Atécopol, dont elle est cofondatrice.
 
Face au dérèglement climatique qui s’accélère, une partie de la communauté scientifique se propose de pouvoir à l’avenir contrôler l’évolution du climat via des techniques de géoingénierie climatique. Deux catégories sont par exemple explorées en laboratoire : les techniques de captation de CO2 (usine en Islande) et les techniques de modification du rayonnement solaire (envoi d’aérosols dans la stratosphère). La dernière proposition lors de cette assemblée générale sera de se poser collectivement la question de l’utilisation de ces techniques sans contrôle démocratique, et de se poser plus largement la question du lien entre science, société et démocratie. A cette fin, Jérôme Santolini, chercheur chimiste au CEA et administrateur de l’association Sciences citoyennes, nous présentera quelques axes de réflexion et prises de position de cette association.
 
L’après-midi se clôturera par un débat permettant de relativiser chacune des approches et des implications pour les recherches à Biogeco.


15 Mars au Teich
départ bus 10h B2
départ bus 11h Pierroton
pique-nique sur site 12H00-13h00
présentation des activités ornitho au sein de l’unité 13h00-13h30
visite du parc 13h30-16h00
retour Pierroton puis B2 en bus

 

> An international initiative is helping Ukrainian refugee scientists in finding a host lab abroad. Add in this list the relevant information
https://docs.google.com/spreadsheets/d/1jGFCqP2kj1ZAN6xy6EoRN1bozaggk9VEsbzYaIkkYcQ/htmlview#gid=0


>Rappel sur les concours internes des ITA INRAE:

Changement de corps (NS 2021-42)
1/ deux possibilités : profils affectés (ex-CIR) par recrutement sur un profil bien défini,
                                 profils non-affectés (ex-CIPP) par promotion sur place (sans profil      
                                    d'affectation).

2/ il n’y a plus d'alternance tous les 2 ans, mais une seule et même campagne qui propose des profils affectés et non-affectés.

Changement de grade
-examen professionnel pour devenir TRS ou TREX (NS 2021-20)
-sélection professionnelle pour devenir IRHC (NS 2021-19)

>Le portail web de l’Université Numérique en agrobiosciences, AgreenU, présente sa nouvelle interface. Retrouvez ses évolutions dans cet article. Agreen U est un portail donnant accès aux formations numériques et aux ressources pédagogiques en open access des membres de l'alliance Agreenium. Il met également au service des étudiants, des enseignants, des chercheurs et des professionnels, un réseau de plateformes e-learning et sociales.

> Webinaire série: "Genetic Resources Strategy for Europe"

> Une initiative utile et visuelle, à laquelle nous pourrions participer à l'échelle locale: The Global Vegetation Project

 

>Participation de biogeco (Gilles et Xavier) à un haubanage XXL à la villa Thuret d'Antibes.

>Communiqué de presse INRAE (Sophie): De l’utile à l’agréable : naissance et analyse de l’idée de plante-machine

> Annabel nous parle des Plantations de forêts urbaines dans le Parisien (12.02 en ligne) et (14.02 version papier) et le JDD (n°3916)....les villes semblent enfin entendre que la méthode "Miyawaki" ne constitue pas l'alpha et l'oméga de la végétalisation en milieu urbain!
 

  Retrouvez ici toute l'actualité de la PGTB

Quelques projets en ce mois de mars :

• Du développement de marqueurs microsatellites par SSRseq sur 3 espèces de félins présents en Guyane : le jaguar, le puma et l’ocelot. Ce travail se fait en collaboration avec les collègues de Kourou (Nyklas Tyklind et Maxime Klein).
• En collaboration avec le UK Forest Research  (Stuart A’Hara), toujours du développement de marqueurs microsatellites par SSRseq mais cette fois sur de rares et minuscules fourmis - Formicoxenus nitidulus – qui vivent sur les dômes des nids d’espèces plus grandes du genre Formica. Certaines observations laissent à penser que ces minuscules fourmis voleraient la nourriture de leurs hôtes, mais il aurait également été observé des échanges de nourriture par trophallaxie entre les deux espèces. Le mystère de leur cohabitation reste entier !
• Une collaboration avec l’INRAE de Thonon-les-Bains (Alexis Canino, UMR CARRTEL) dans le cadre du projet Phytodom qui vise à comparer les résultats des observations microscopiques du phytoplancton et ceux obtenus grâce aux données moléculaires (metabarcoding).
• De la ddPCR, en collaboration avec Jessica Vallance (UMR SAVE), pour étudier l’impact de l’esca sur la vigne, en comparant les surfaces de bois sain et nécrotique, puis en isolant et en quantifiant les principaux pathogènes.

Le 21 mars, nous aurons la visite des étudiants du Master 1 Biologie Agrosciences.
 

3 mars, 10H45 - 11H30, Visio - Exposé en lien avec l'atelier de l'AG
Mélanie Bayens (chargée de mission Transitions environnementales et sociétales à l'université de Bordeaux). Elle parlera notamment de l'utilisation de la fresque du climat auprès des étudiantes et étudiants de la fac.

4 mars, 9h30-10h30, Airial
Jean-Michel Leban (INRAE, BEF, Champenoux) (Diapos en anglais et exposé en Français)
Echelles et patrons de variations de la densité des bois des résultats du projet XyloDensMap et des perspectives

Résumé : Le projet XyloDensMap (XDM) a débuté en 2015 à l’initiative de Jean-Michel Leban (INRAE) et de Jean-Christophe Hervé (IGN) sur la base d’une innovation de rupture permettant la mesure à haut débit de la densité du bois sur des carottes de sondage. En associant le Service de l’Inventaire Forestier en Environnemental, le Laboratoire de l’Inventaire Forestier de l’IGN, l’Unité Biogéochime des Ecosystèmes Forestiers de l’INRAE (y compris le plateau technique XyloScience), ce projet initié sur fonds propres, visait à progresser dans la comptabilité du carbone forestier de l’ensemble des ressources forestières de France métropolitaine. En 2017 nous avons été lauréat de l’appel à projet « Innovation et Investissement pour l’Amont Forestier » du 13 décembre 2016 en tant que projet d’envergure nationale. Cela a permis la conduite de deux campagnes annuelles supplémentaires de collecte de carottes de sondage et la mesure de la densité de leur bois. Ce financement a également permis d’associer la Fédération Nationale du Bois, l’École Nationale Supérieure des Technologies et Industries du Bois et le Département d'Expertise sur les Ressources Forestières et le Carbone de l’IGN dans le but de transférer les nouvelles connaissances acquises aux gestionnaires, décideurs forestiers et aux structures de formations des cadres des industries du bois.
Ce projet a également bénéficié du soutien de l’ADEME et de la Région Grand-Est qui ont financé la thèse de Baptiste Kerfriden, permettant ainsi une première analyse des données acquises lors des deux premières campagnes de collecte. Au total, à l’issue de quatre campagnes annuelles de collecte, 110589 carottes furent collectées par l’IGN et envoyées à INRAE pour la mesure d’infradensité et constituer une xylothèque des bois français. Cette nouvelle base de données permet d’enrichir les mesures de terrain faites sur les placettes d’inventaire par des mesures de propriétés des bois. Elle est aujourd’hui complète et intégrée aux bases de données de l’inventaire forestier. C’est un exemple d’intégration réussie des données issues d’un programme de recherche dans la base de données de l’inventaire forestier national dont la vocation est d’être ouverte mais également d’être maintenue sur le long terme. Cela s’inscrit dans la démarche de la science ouverte qui vise à rendre la recherche scientifique et les données qu'elle produit accessibles à tous. En termes de résultats, nous avons déjà pu faire une réévaluation à la hausse d’environ 10% des stocks de carbone des forêts métropolitaines. Au cours de cet exposé je vais présenter la méthode mise en œuvre et des résultats illustrant les différents niveaux de variabilité pour les essences forestières métropolitaines, les perspectives de valorisation et le nouveau projet XyloQual qui découle de XyloDensMap.
https://www.researchgate.net/publication/321698655_Le_projet_XyloDensMap

 
14 mars AG d'unité, 14-17h, Airial
Dérèglement climatique: de la connaissance à la réflexion collective sur nos activités de recherche

Au cours des dernières années, la société s’est mobilisée, à l’échelle internationale, pour faire respecter les accords de Paris de la conférence des parties sur le changement climatique (COP21 de 2015). Ces accords engagent les signataires à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à maintenir le réchauffement à un niveau bien inférieur à 2, de préférence à 1,5 degré Celsius, par rapport au niveau préindustriel. A Biogeco, les recherches que nous menons concernent notamment l’évolution de la distribution géographique des espèces en réponse au dérèglement climatique (risque d’extirpation des espèces, leur possible adaptation, ou migration, invasion biologique, etc) ou elles peuvent aussi s’intéresser au rôle joué par les écosystèmes comme puits de carbone, ou bien encore elles visent à leur conservation ou restauration.
Cette après-midi d’assemblée générale a pour ambition de faire un pas de côté et d’adopter trois angles d’analyse de nos activités de recherche : (i) tout d’abord en les considérant comme sources de dérèglement climatique par elles-mêmes, comme n’importe quelle autre activité anthropique, (ii) ensuite en se posant la question des savoirs à mobiliser, au-delà des sciences climatiques et biologiques, pour assurer une transition écologique qui puisse être juste et solidaire, (iii) enfin, en posant la question de la nécessité d’une démocratisation de toute l’activité scientifique, étant donné l’urgence climatique et plus largement écologique dans laquelle nous nous trouvons.
 
La première proposition est de partager la connaissance sur l’évolution du climat actuel. Pour aborder la complexité des causes et conséquences du dérèglement climatique, la fresque du climat est un outil de choix pour aborder le sujet avant l’AG (comptez environ 2H pour une version rapide de la fresque). Ensuite, Didier Swingedouw, chercheur à l’UMR EPOC qui s’intéresse notamment au futur possible de la circulation océanique de l’Atlantique Nord, nous présentera les figures marquantes du dernier rapport AR6 du GIEC publié en 2021.
 
Le débouché du partage de la connaissance sur le dérèglement climatique et la prise de conscience qui s’ensuit peut conduire à l’estimation de son empreinte carbone individuelle. Ce n’est pas l’enjeu de l’AG, qui vise à aborder directement les réponses collectives. La seconde proposition est donc de s’intéresser au collectif des Labos 1point5, qui mène notamment une étude scientifique nationale relative à l’empreinte carbone de la recherche publique française. Tamara Ben Ari (chercheuse en agronomie globale à l’INRAE, rattachée à l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris (IEES) nous présentera ce collectif et les outils développés (Tamara sera là en visioconférence, présentiel si son agenda se simplifie). A Biogeco, un groupe de travail s’est mis en place pour traiter en particulier de l’estimation de l’impact climatique du fonctionnement de nos recherches. Philippe Chaumeil illustrera une application de la démarche et expliquera les actions entreprises, celles qui paraissent réalisables, et les limites rencontrées. Marie-Lise Benot apportera son avis de naturaliste sur les aménagements du campus de l’université de Bordeaux.
 
Les calculs de cette empreinte carbone à différentes échelles peuvent donner l’impression que la question de la «décarbonation» des activités humaines pourrait être simplement d’ordre (bio)technique. Les scénarios du GIEC d’évolution de température moyenne à la surface du globe sont en fait directement dépendants de choix socio-économiques. Il a été en effet été montré que la croissance économique, traditionnellement mesurée par le Produit Intérieur Brut, est directement reliée à l’émission de gaz à effet de serre – et plus largement à la consommation de ressources biologiques et physiques – et que cette croissance a notamment pour traduction la production de biens et services de notre société de consommation. Le découplage de la croissance de l’émission de GES est très débattu. De plus, toute une partie du monde n’a pas de responsabilité historique dans l’émission de GES et cela pose directement la question de la justice climatique. Traiter la question des bouleversements climatiques et écologiques dépasse donc largement les sciences climatiques et biologiques. La troisième proposition de cette assemblée générale est de s’intéresser à la démarche de collectifs qui se sont constitués afin de «tisser des liens entre des connaissances dispersées et de réfléchir à la façon de les partager avec l’ensemble de la société, afin d’œuvrer avec elle aux moyens de réorienter notre trajectoire en changeant en profondeur les modes de fonctionnement socio-économiques actuels» (voir les Manifestes de l’Atécopol - Atelier d’Ecologie Politique de Toulouse - et de l’Ecopolien - Atelier d’écologie politique francilien - sur leurs sites internet). Laure Teulières, historienne contemporanéiste (université Toulouse - Jean-Jaurès), étudie les migrations et notamment l’histoire des Italiens en France. Elle sera là pour nous présenter l’Atécopol, dont elle est cofondatrice.
 
Face au dérèglement climatique qui s’accélère, une partie de la communauté scientifique se propose de pouvoir à l’avenir contrôler l’évolution du climat via des techniques de géoingénierie climatique. Deux catégories sont par exemple explorées en laboratoire : les techniques de captation de CO2 (usine en Islande) et les techniques de modification du rayonnement solaire (envoi d’aérosols dans la stratosphère). La dernière proposition lors de cette assemblée générale sera de se poser collectivement la question de l’utilisation de ces techniques sans contrôle démocratique, et de se poser plus largement la question du lien entre science, société et démocratie. A cette fin, Jérôme Santolini, chercheur chimiste au CEA et administrateur de l’association Sciences citoyennes, nous présentera quelques axes de réflexion et prises de position de cette association.
 
L’après-midi se clôturera par un débat permettant de relativiser chacune des approches et des implications pour les recherches à Biogeco.

>Projet UFO (coord. Annabel)
Face aux changements climatiques, la diversification spécifique et intra-spécifique des arbres (notamment la migration assistée) est envisagée comme pratique d’adaptation active par les gestionnaires forestiers et ruraux. En zone urbaine, les stress abiotiques, notamment hydriques et thermiques, sont déjà exacerbés ; ainsi, la forte diversité spécifique des arbres de la forêt urbaine constitue un essai grandeur nature permettant de tester les capacités adaptatives des arbres face aux changements climatiques, pour aider les transitions en cours.
Le projet UFO (Urban Forest : la forêt urbaine, un test d'adaptation des arbres forestiers aux changements climatiques 2022-2023), financé par le métaprogramme CLIMAE, associe des chercheurs en écophysiologie, écologie, physique de l’environnement et télédétection, sociologie et géographie des unités BIOGECO, ETTIS (Cestas) et BIOFORA (Orléans) pour (1) caractériser les capacités de résistance au stress abiotique (hydrique, thermique) des arbres en zone urbaine, afin de compléter et devancer les essais forestiers dans une optique d’adaptation aux changements climatiques par diversification dans systèmes arborés et (2) analyser la diversité arborée et les pratiques de diversification arborée, passées et actuelles, en zone urbaine et forestière, afin d'évaluer l’acceptation par les différents acteurs des changements que pourraient apporter l’usage de la migration assistée.

> Projet eco2adapt (Ecosystem-based Adaptation and Changemaking to Shape, Protect and Maintain the Resilience of Tomorrow’s Forests) a été sélectionné pour financement par le programme Horizon Europe. Coordonné par notre collègue Alexia Stokes (umr AMAP de Montpellier) il a pour principal objectif de proposer des solutions de gestion et d'aménagement des forêts pour améliorer leur résilience aux perturbations naturelles et anthropiques. Pour Biogeco, il s'agira de compléter les études du projet "Bocage forestier" en renforçant l'analyse des processus à l'échelle du paysage (par modélisation) et les activités du Living Lab.

Schmitt S, Tysklind N, Heuertz M, Hérault B. 2022. Selection in space and time: individual tree growth is adapted to tropical forest gap dynamics. Molecular Ecology, “From the Cover”,
Cet article qui résulte de la thèse de Sylvain Schmitt met en évidence des signes d'adaptation au microenvironnement lié à la dynamique des trouées forestières dans deux complexes d'arbres tropicaux en Guyane. Nous avions précédemment montré que les individus des espèces d'arbres sont adaptés à leur microenvironnement de disponibilité en eau selon la topographie. Or, le microenvironnement de chaque arbre est aussi influencé par l'environnement lumineux et de disponibilité des ressources résultant de la dynamique des trouées forestières, donc les chablis qui se forment naturellement et qui déterminent la régénération des forêts. Il est bien connu que les espèces pionnières s'installent préférentiellement dans les nouvelles trouées alors que les espèces sciaphiles peuvent régénérer sous couvert forestier. Notre article montre que ce même principe s'applique au sein des espèces, avec des individus à croissance rapide trouvés dans les trouées récentes, et d'autres, à croissance plus lente, qui ont atteint la canopée en régénérant sous couvert forestier. Ce résultat permet de mieux comprendre le maintien de la diversité génetique au sein des espèces, et la coexistence en sympatrie d'epèces apparentées. L'article a été récompensé avec le statut de "From the Cover" de Molecular Ecology.
 
Schmitt S, Trueba S, Coste S, Ducouret E, Tysklind N, Heuertz M, Bonal D, Burban B, Hérault B, Derroire  G. 2022. Seasonal variation of leaf thickness: an overlooked component of functional trait variability. Plant Biology.
Cet article résulte d'une observation curieuse: lors de son travail de terrain pour sa thèse, Sylvain Schmitt observe que les feuilles du complexe d'espèces d'arbres Symphonia globulifera perdent en épaisseur avec l'arrivée des précipitations de la saison des pluies. Ce travail montre que les variations de l'épaisseur et de la tenue en eau des feuilles s'expliquent par la disponibilité en eau extractible du sol comme moteur principal de ces traits fonctionnels. Notre article suggère que cette source de variation doit être prise en compte lors d'études de traits fonctionnels.
 
de Miguel M, Rodríguez-Quilón I, Heuertz M, Hurel A, Grivet D, Jaramillo-Correa JP, Vendramin GG, Plomion C, Majada J, Alía R, Eckert AJ, González-Martínez SC. 2022. Polygenic adaptation and negative selection across traits, years and environments in a long-lived plant species (Pinus pinaster Ait., Pinaceae). Molecular Ecology
Cet article a une longue histoire car il a été lancé il y a plus de une décennie. Après deux faux départs et la résolution de plusieurs pépins méthodologiques, nous avons réussi à estimer des niveaux de polygénicité (c’est-à-dire, le pourcentage du génome avec des effets non nuls sur un trait particulier) pour plusieurs caractères adaptatifs chez le pin maritime, en étendant les résultats expérimentaux chez l'homme aux arbres forestiers. Nous avons également montré le rôle de la sélection négative dans le maintien de la polygénicité des traits adaptatifs tels que la croissance en hauteur.

Breuil M, Schikorski D, Vuillaume B, Krauss U, Daltry JC, Gaymes G, Gaymes J, Lepais O, Bech N, Jelić M, Becking T & Grandjean F (2022). Iguana insularis (Iguanidae) from the southern Lesser Antilles: An endemic lineage endangered by hybridization. ZooKeys 1086: 137–161.

RSE INRAE: Le plan national d’action « Responsabilité sociétale et environnementale » INRAE vient de paraître.
 

>16-17-18 mai 2022, Orléans INRAE Genomics regroupant les plateformes de génomique GeT, GenTyane, PGTB et EPGV organise son premier colloque national de génomique végétale et animale. 

>4 au 6 juillet 2022, Bordeaux Forecasting and managing multi-risks in Mediterranean, temperate and boreal forests: Comparison between North-American and European approaches. Plus d’informations
 

L’ADAS et INRAE : une interview de Nicolas Sanchez, président de l’ADAS-INRAE : ·  « L’ADAS-INRAE : des activités, des séjours, le lien social avant tout » à retrouver sur l’intranet INRAE >>> ·   « Nicolas Sanchez, pour une autre façon de s’épanouir à INRAE » à retrouver sur le site INRAE >>>